En 1941 a lieu la mobilisation de vingt classes d'appelés « minoritaires », Juifs, Grecs, Arméniens et Syriaques. Connue sous le nom de « Yirmi sınıf ihtiyat askerliḡi » (Service militaire de vingt classes de réservistes), elle concerne seulement les non-musulmans nés entre 1896-1916. Ces appelés sont incorporés dans des unités mises à la disposition du ministère des Travaux-publics (Nafıa Vekâleti). Ils logent sous la tente dans des camps improvisés et sont affectés notamment à la construction de routes. Ce texte est le témoignage d'un homme, mobilisé pour une durée indéterminée, qui quitte les siens, abandonne son emploi et va vers l'inconnu. Les conditions de vie sont dures, le travail est pénible, la promiscuité dérangeante. Il est inquiet pour sa femme et sa sœur restées à Izmir d'autant plus qu'il ne sait pas quand il va retourner chez lui. Il attend avec impatience une lettre d'Izmir ou un colis ; une permission d'une demi-journée le métamorphose ; le manque d'argent le soucie. Il est entièrement pris dans ses problèmes quotidiens, comme pouvoir se laver dans une rivière, faire sécher ses vêtements après une averse, pouvoir acheter des œufs pour améliorer l'ordinaire. Ces carnets ont été écrits en français. Le style télégraphique s'explique par le fait que ces notes étaient plus un « aide-mémoire » personnel, qu'un « journal ». Malgré les quelques libertés qu'il se donne, son journal reste sobre et se cantonne au quotidien. La guerre n'est pas loin, et pourtant il n'en parle pas !
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En 1941 a lieu la mobilisation de vingt classes d'appelés « minoritaires », Juifs, Grecs, Arméniens et Syriaques. Connue sous le nom de « Yirmi sınıf ihtiyat askerliḡi » (Service militaire de vingt classes de réservistes), elle concerne seulement les non-musulmans nés entre 1896-1916. Ces appelés sont incorporés dans des unités mises à la disposition du ministère des Travaux-publics (Nafıa Vekâleti). Ils logent sous la tente dans des camps improvisés et sont affectés notamment à la construction de routes. Ce texte est le témoignage d'un homme, mobilisé pour une durée indéterminée, qui quitte les siens, abandonne son emploi et va vers l'inconnu. Les conditions de vie sont dures, le travail est pénible, la promiscuité dérangeante. Il est inquiet pour sa femme et sa sœur restées à Izmir d'autant plus qu'il ne sait pas quand il va retourner chez lui. Il attend avec impatience une lettre d'Izmir ou un colis ; une permission d'une demi-journée le métamorphose ; le manque d'argent le soucie. Il est entièrement pris dans ses problèmes quotidiens, comme pouvoir se laver dans une rivière, faire sécher ses vêtements après une averse, pouvoir acheter des œufs pour améliorer l'ordinaire. Ces carnets ont été écrits en français. Le style télégraphique s'explique par le fait que ces notes étaient plus un « aide-mémoire » personnel, qu'un « journal ». Malgré les quelques libertés qu'il se donne, son journal reste sobre et se cantonne au quotidien. La guerre n'est pas loin, et pourtant il n'en parle pas !
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