Le Bon Dictateur - L'image de Mustafa Kemal En France (1919-1938)
L'intérêt de cet ouvrage n'est pas de savoir si la France de l'entre-deux-guerres a bien jugé ou bien compris le kémalisme et son chef. L'objet esttout autre. L'auteure s'interroge sur une perception, ce qui la détermine, ce qui la fait fluctuer. La perception française est d'abord un miroir. En regardant laTurquie, les observateurs français y voient surtout leur propre pays, ou plutôt l'idée qu'ils s'en font. Ce constat est valable pour les réformes de la première période républicaine, la modernisation de la Turquie et son occidentalisation. Mais on comprend à la lecture du livre que cette identification va beaucoup plus loin et s'exprime par une fascination pour ce qu'il est convenu d'appeler le « bon dictateur », une figure qu'incarnerait le président de la république turque. La Francerépublicaine des années 1930, qui traverse une violente crise idéologique et est déchirée par ses divisions politiques, part à la recherche de nouveaux repères. Cette quête se manifeste par des aspirations divergentes, si ce n'est contradictoires. D'un côté, pour sauver la république, elle cherche en effet les moyens d'une démocratisation et d'une réforme sociale, espoirs que portent la coalition de gauche du Front Populaire, victorieuse aux élections de 1936. Mais elle cherche aussi un homme fort, un sauveur de la nation, un homme providentiel, capable de rassembler. On a souvent tenté d'expliquer ce désir d'un père de la nation, autoritaire et rassurant à la fois, par la nostalgie monarchique qui hanterait ce pays révolutionnaire et régicide. Le grand mérite de cet ouvrage est de nous montrer comment cet archétype, introuvable dans la France des années 1930, a été éperdument cherché non pas dans l'histoire, mais dans le monde de l'époque.
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L'intérêt de cet ouvrage n'est pas de savoir si la France de l'entre-deux-guerres a bien jugé ou bien compris le kémalisme et son chef. L'objet esttout autre. L'auteure s'interroge sur une perception, ce qui la détermine, ce qui la fait fluctuer. La perception française est d'abord un miroir. En regardant laTurquie, les observateurs français y voient surtout leur propre pays, ou plutôt l'idée qu'ils s'en font. Ce constat est valable pour les réformes de la première période républicaine, la modernisation de la Turquie et son occidentalisation. Mais on comprend à la lecture du livre que cette identification va beaucoup plus loin et s'exprime par une fascination pour ce qu'il est convenu d'appeler le « bon dictateur », une figure qu'incarnerait le président de la république turque. La Francerépublicaine des années 1930, qui traverse une violente crise idéologique et est déchirée par ses divisions politiques, part à la recherche de nouveaux repères. Cette quête se manifeste par des aspirations divergentes, si ce n'est contradictoires. D'un côté, pour sauver la république, elle cherche en effet les moyens d'une démocratisation et d'une réforme sociale, espoirs que portent la coalition de gauche du Front Populaire, victorieuse aux élections de 1936. Mais elle cherche aussi un homme fort, un sauveur de la nation, un homme providentiel, capable de rassembler. On a souvent tenté d'expliquer ce désir d'un père de la nation, autoritaire et rassurant à la fois, par la nostalgie monarchique qui hanterait ce pays révolutionnaire et régicide. Le grand mérite de cet ouvrage est de nous montrer comment cet archétype, introuvable dans la France des années 1930, a été éperdument cherché non pas dans l'histoire, mais dans le monde de l'époque.
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